Expression

« Il ne veut pas jouer les kamikazes de la modernité, vite fracassés contre ses phares fragiles et qui choisissent souvent, faute d’authenticité picturale, la fuite en avant. Ombres de l’ombre d’un Duchamp, qui cherchent toujours là où il n’y a plus rien, derrière la chute d’eau, et loin du gaz d’éclairage et qui distraient cependant les regards d’avance habitués…

Peut-être un léger dédain du produit fini, du léché, de la dentelle, de la séduction d’apparence.

Un mépris pour le joli, le stable, le rassurant, le statique, l’équilibré, le bien composé, le scolaire, le schématique, le déclamatoire.
Ce n’est pas une peinture pour regard « assis ».

L’espace, désarticulé toujours (nettement ou presque à l’insu de qui veut l’habiter), aimanté et piégé, agit comme chausse-trappe, et oubliette mentale.

Leur regard filtré, oblique, leur séduction vénéneuse et nocturne, leur puissance féline et visuelle, leur nonchalance étudiée, tous ces éléments corrodent l’œuvre et brûlent  les éléments épars d’un charme âpre, pervers, comme un mortel poison d’amour traversant tout le paysage. »

Christian Noorbergen

Extraits de la vidéo Alain Richard, de Christian Noorbergen, Marisy Communication, 1990.

« Toujours entre deux orages, au cœur éclaté de l’éclair, les paysages semblent surgir d’un maëlstrom inversé. »

« Tout bouge, tout bascule, et les tressaillements de la nature rejoignent les violences de la modernité. »

« Des êtres pressés venus d’ailleurs, aux inquiétantes aillures d’insectes, vivent dans des lieux basculés, vivent par saccades, et bousculent toutes les inerties du monde. »

« Le corps est énigme monstrueuse, la bouche devient gueule, la bouche devient plaie, et il y a des fragiles, des frêles, des victimes, des mains qui s’agrippent, des mains qui cherchent d’autres mains. »

« Les espaces magiques d’Alain sont habités. On y voit des êtres en attente, comme immobilisés par une menaçante certitude, et qui guettent à demi tout impudent voyageur, tout imprudent voyageur mâle mâle. »

« L’espace n’absorbe pas les personnages, il les sépare. Il est espace d’absence… »

« Du noir d’abîme au rouge des profondeurs corporelles, la séparation emplit la toile, et seules quelques traces humaines habitent un territoire d’inquiétude. »

« Un visage rêve à tous les possibles du visage. »

« Et le corps surgit comme un cri. »

Christian Noorbergen

Texte de Yves Cosson pour l’exposition d’Alain Richard à Nantes, 1999.

« Saisir et fixer l’instant : il s’agit, ici, d’un arrêt sur image. Tout est dans le cadrage, dans le regard et dans le mouvement des lèvres : surprise, mépris, dégoût, sérénité, dérive vers le rêve. Le visage est bien la porte de l’âme.

Quant au paysage, il procède de la même sobriété de construction alliée au délire très contenu de  l’expressionnisme. La palette est d’une franchise coupante. Il faut faire violence, sinon tout nous échappe.

La force du peintre est dans la capture, et la force du sujet dans la dérobade énigmatique : monstre d’indifférence ou nostalgie de la rencontre et tendresse rentrée.

Voilà une peinture forte qui s’impose et qui demeure. »

Yves Cosson
AICA Nantes

Témoignages

« Alain Richard dont l’évolution picturale m’apporte chaque semaine une animation particulière et un encouragement dans mon enseignement. »

Henri Goezt

« Alain Richard a été mon élève, il y a bien longtemps. C’est moi qui lui ai appris les éléments du français et du latin. Déjà il était en proie à sa vocation…

Ce jour-là, par surcroit, Alain me fit cadeau d’une pochade, qui m’a ravi,  parce qu’elle défie à la fois les affectations et de ceux qui se veulent exclusivement concrets et de ceux qui  se veulent à toute force abstraits exclusivement. On y voit la Terre tragique dans sa simplicité, évoquée par un paysage sommaire et au-dessus un ciel effervescent où semble apparaître une forme humaine glorieuse qui pourrait être une Ascension, alors qu’il ne s’agit que d’un nuage élancé qu’argente le soleil.

J’augure bien de la modestie d’Alain Richard, de sa sincérité, de sa vie intérieure. »

Marcel Jouhandeau

« Je n’ai jamais su discerner un commencement d’une fin.
Il faut toujours deux idées, l’une pour détruire l’autre.
Le tableau est fini quand il a effacé l’idée.
Je ne cherche pas la définition. Je tends vers l’indéfinition.
Ne jamais adhérer.
C’est l’imprévisible qui crée l’événement.
L’art est fait pour troubler.
Je ne fais pas comme je veux, je fais comme je peux.
Il ne faut pas imiter ce qu’on veut créer.
Le commun est vrai, le semblable est faux.
Tu veux que ta peinture soit meilleure, alors sois meilleur. »

Georges Braque

« La vérité existe ; on n’invente que le mensonge. »

Henri Michaux

« L’action est une suite d’actes désespérés qui permet de garder l’espoir. »

« Il faut être bougrement ambitieux pour s’attaquer à la nature : elle est trop énorme. Elle gagne toujours. »

Za Wou Ki

« Point d’art possible sans danse avec la mort. »

« Le style c’est dur ; pour travailler, il faut une foi. »

« Je fuis mon semblable ; dans tout semblable il y a un sosie. »

« Les critiques trouvent un génie par semaine… Je n’ai pas le temps ; moi je travaille. »

Louis-Ferdinand Céline

« Le talent qu’on veut avoir gâte celui qu’on a, c’est l’embuche. L’orgueil fait le reste. »

Boileau

« Tous les « ismes » sont des constructions. »

Voltaire

« L’art contemporain, je m’en fous, c’est pas moi qui déciderai. »

« Si on a choisi de chercher, c’est pas pour trouver tout de suite ; et encore moins en se raccrochant aux vieilles ficelles de voyous. »

« Pourquoi tant de portraits ? C’est ma collection d’ancêtres.
Pourquoi toujours des femmes ? C’est plus pratique. »

« On te l’a déjà dit : « Ca ne fait pas fini ». Bon, eh bien quand le « pas fini » mène à l’essentiel, c’est inutile de garder les superflus. »

« Ce n’est pas en entassant d’épais nuages sur des collines étirées qu’on s’approche de la nature. »

Alain Richard

« Chercher jusqu’à l’écorchure, jusqu’au souffle froissé pour enfin percevoir les battements du rêve. »

Francis Coffinet